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La multifonctionnalité des arbres dans le Sahel ouest africain

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par Ilaria Firmian

Ma mission de la semaine dernière dans le Sahel ouest africain pour la supervision d’un don FIDA a été l’occasion une nouvelle fois de mettre en évidence le rôle capital de l’arbre dans les champs agricoles.
Le don objet de la supervision s’intitule «Les arbres des parcs agroforestiers et les moyens de subsistance: adaptation aux changements climatiques dans le Sahel ouest-africain».

Il est géré par l’ICRAF (World Agroforestry Center) et mis en œuvre au Burkina Faso, Mali et Niger par les instituts nationaux de recherches agricoles en collaboration avec les équipes de quatre projets d’investissement financés par le FIDA dans les trois pays.

Le but général du projet est d’améliorer les moyens de subsistance des communautés agricoles et pastorales pauvres vivant dans les zones d’intervention, grâce à la diversification et à la conservation des parcs agroforestiers, ainsi qu’à l’accroissement de la valeur des produits des arbres commercialisés dans le cadre d’entreprises communautaires.

Les parcs agroforestiers sont des mélanges d’arbres que les paysans choisissent pour certaines fonctions et cultivent en combinaison avec des cultures vivrières de base telles que le petit mil et le sorgho. Dans le Sahel ouest-africain, les communautés rurales utilisent plus de 115 espèces locales d’arbres à différentes fins : alimentation humaine, fourrage, médicaments, bois de feu, bois de construction, outillage agricole et ménager, sculptures, instruments musicaux, fibres, etc… ces arbres rendent également des services environnementaux essentiels comme l’amélioration de la fertilité du sol, la conservation des sols et de l’eau, la création d’un microclimat etc.). Beaucoup d’ espèces d’arbres contribuent ainsi au revenu familial. Cependant, plusieurs d’entre elles sont en voie de disparition au niveau local faute de gestion appropriée et en raison du climat de plus en plus chaud et sec.

Les visites de terrain confirment magnifiquement ce  qu’indiquent les rapports à savoir  le rôle crucial que jouent les arbres dans la réduction de la vulnérabilité, le renforcement de la résistance des systèmes agricoles et la protection des ménages pauvres contre les risques liés aux changements climatiques. Les arbres grâce à leur système racinaire parfois très profond, mobilisent d’importantes réserves d’hydrate de carbone, et sont, par conséquent, moins vulnérables que les cultures annuelles à la sécheresse et aux fluctuations des niveaux de pluie d’une année à une autre.

L’approche du projet se base sur l’identification des espèces prioritaires pour des groupes différents (hommes – femmes - jeunes hommes - jeunes femmes) et sur la recherche-action pour conserver ces espèces et améliorer leur productivité et leur résilience.

Selon les scientifiques de ICRAF, les bonnes techniques pour conserver et améliorer les espèces arbustives existent, et sont pour la plupart faciles et accessibles, mais le lien entre recherche et paysans est encore trop faible, et c’est là qu’il faut intervenir.

Dans les cas où la vulgarisation des techniques d agroforesterie est effective, les paysans peuvent d’eux-mêmes quantifier les revenus procurés par les arbres. Un petit sachet de fruits du tamarinier est maintenant vendu sur le marché à Bamako à 1.000 FCFA, alors qu’il y a quelques années il n’était pas du tout considéré sur le marché, et un tamarinier adulte peut atteindre une production de 50 à 100 kg /an.
La recherche a montré qu’avec des techniques de coupe appropriée, les arbres  peuvent produire toute l’année, ce qui peut se traduire par un doublement des revenus. Avec des techniques de greffage il a été démontré aussi que des plantes comme le karité commencent à devenir productives en deux-trois ans au lieu de dis.

Et puis chaque espèce arbustive a bien plus qu’une seule fonction. Par exemple avec les feuilles de neem les paysans fertilisent le sol, mais ils les utilisent aussi en pharmacopée sous forme de tisane ; le bois de neem est un des meilleurs bois de feu, o les feuilles et les fruits sont d’excellent insecticides, et avec son huile on fait du savon qui a des propriétés antibactériennes.

L’Acacia Nilotica est aussi utilisé pour faire des haies vives, pour ses gousses et feuilles comme alimentation animale, pour le tannage à partir de la décoction de ses gousses, et pour le soin des enfants en utilisant son écorce.

Les fruits du Résinier sauvage sont très appréciés et normalement récoltés et vendus par les enfants sur le marché. Les femmes les sèchent et en font une décoction sucré riche en vitamines et bue en période de soudure. Le même arbre est aussi élagué pour faire du paillage améliorant la fertilité du sol.

Les agronomes se  concentrent souvent sur les cultures annuelles, en oubliant que les arbres peuvent satisfaire beaucoup de besoins des familles, comme le montre bien le Docteur Bationo, Maître de Recherches en Biologie et Ecologie de l’Institut national de l’environnement et des recherches agricoles (INERA) au Burkina Faso dans cette interview:



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